Apprendre le français autrement: Enseignons les connaissances morphologiques
Contenus théoriques
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Morphologie
Morphologie
La morphologie étudie les règles qui régissent la structure interne des mots, c’est-à-dire les règles de combinaison entre les morphèmes pour constituer des mots (règles de préfixation et de suffixation) et la description des formes divers que prennent ces mots (Dubois, Giacomo, Guespin, Marcellesi et Nevel, 1994). Le morphème est une unité minimale porteurse de sens que l’on peut obtenir lors de la segmentation d’un mot.
Exemple :Dans le mot menteur, on retrouve les deux morphèmes ment et eur.
Selon leur rôle dans le mot, on peut distinguer deux types de morphèmes, la racine et les affixes. Selon leur place dans le mot, les affixes qui se placent devant la racine s’appellent des préfixes et des affixes qui se placent derrière la racine s’appellent des suffixes.
Le lexique du français est composé de mots aux structures internes variées qu’on peut regrouper en deux catégories : mots non construits et mots construits.
Exemple :Dans le mot alourdir, on trouve la racine lourd, le préfixe a- et le suffixe – ir.
Mot non construit
Le mot non construit est un mot qu’on ne peut segmenter sans en perdre le sens.
Exemple :Le mot mur est indivisible, car n’importe quelle segmentation de ce mot le rendrait incompréhensible pour le locuteur francophone (ex. : m+ur).
Mot construit
Le mot construit est un mot qu’on peut segmenter en plus d’un élément auxquels on peut attribuer un sens et qu’on retrouve dans d’autres mots du lexique français, soit en morphèmes.
Exemple :Le mot défaire peut être segmenté en dé+faire, deux éléments qui ont chacun leur sens et qu’on retrouve dans d’autres mots comme décomposer, déraisonnable, ou refaire, parfaire.
Procédés de formation des mots
En français, selon la combinaison des types de morphèmes, il existe trois procédés de formation des mots : la flexion, la dérivation et la composition.
Flexion
La flexion consiste à combiner minimalement une racine et un suffixe flexionnel.
Exemple :sacs, partirons, vertes
Toutefois, dans la langue, on retrouve des mots dont la structure reflète la comninaison de plus d’un procédé.
Exemple :géographiques, recomposées, allers-retours
Dérivation
La dérivation consiste à combiner minimalement une racine et un préfixe ou un suffixe dérivationnel.
Exemple :relire, peureux, enchantement
Composition
La composition consiste à combiner minimalement deux racines.
Exemple :portemanteau, garde-robe, géographe
Préfixe
Préfixe
Les préfixes sont les affixes qui précèdent la racine. Ils ont un sens général, notamment de direction (ex. : aménager, injecter), de privation (ex. :injuste), de répétition (ex. : redire), etc. Ils ne peuvent pas former à eux seuls des familles morphologiques.
Sens des préfixes
Comme unités de sens, les préfixes peuvent être des unités polysémiques, c’est-à-dire avoir plusieurs sens reliés entre eux.
Exemple : Le préfixe re– peut avoir le sens de répétition dans le verberefaire ou celui de retour vers le point de départ dans le verbe retirer.
En revanche, certains préfixes peuvent avoir des sens qui ne sont pas reliés entre eux, tout comme les homonymes.
Exemple : Le préfixe a– a le sens de direction dans le verbe amener, mais le sens privatif dans anormal. En fait, si on s’intéresse à leur étymologie, on comprend que leurs sens proviennent de deux origines distinctes, à savoir respectivement latine et grecque.
Formes des préfixes
Les préfixes peuvent changer de forme selon des règles de jonction avec la racine. Les différentes formes du même morphème sont appelées allomorphes.
Exemple : inchangé, immobiliser, illogique, irrégulier.
Racine
La racine est la partie du mot qui est porteuse de l’identité du mot. C’est la racine qui est à l’origine d’une famille morphologique.
Exemple : Le mot place est la racine des mots de la même famille, soit placement, remplacer, déplacé, etc.
Selon leur fonctionnement, les racines peuvent être libres ou liées. Une racine libre fonctionne de manière autonome dans une phrase (ex.: maison). Une racine liée est toujours accompagnée d’un autre morphème pour constituer un mot et ce dernier fonctionne de manière autonome dans une phrase (ex.: stitu dans constituer). Parmi les racines liées, on retrouve des racines latines et grecques, aussi appelées mots savants, qui peuvent se placer au début ou à la fin du mot pour former un mot construit.
Exemple : La racine d’origine grecque phil(o)-, signifiant « qui aime ou ami de », se place au début ou à la fin des mots suivants : philanthrope et cinéphile.
Suffixe
Suffixes flexionnels
Les suffixes flexionnels sont des marqueurs grammaticaux qui indiquent le genre (ex. : –e du féminin, verte), le nombre (ex. : –sdu pluriel, murs), le temps (ex. : –ais de l’imparfait, je parlais), la personne (ex. : –s de la deuxième personne, tuparles) et le mode (ex. : –ions du subjonctif, que nous chantions) d’un mot. Ils se placent après les suffixes dérivationnels (ex. : balad-eur-s) et sont muets à l’oral, mais apparaissent à l’écrit.
Suffixes dérivationnels
Les suffixes dérivationnels servent à former des mots dérivés et sont porteurs d’un sens très général (ex. :–eursignifie « agent de l’action »). Ils ont un pouvoir classifiant : la classe de mot à laquelle appartient le mot dérivé est déterminé par le suffixe (ex. : les mots suffixés de –ade appartiennent à la classe du nom, comme promenade). Certains suffixes sont polyvalents à cet égard, c’est-à-dire qu’ils peuvent former des mots appartenant à plusieurs classes de mots (ex. : le suffixe –eur peut former des noms, comme baladeur, et des adjectifs, comme enchanteur). Dans ce cas, c’est le contexte de la phrase qui permettra de déterminer la classe du mot suffixé (ex.: Où est passé mon baladeur (nom)? L’animateur s’est approché, le micro baladeur (adjectif) à la main.).
Sens des suffixes
Les suffixes, comme les préfixes, peuvent renfermer plusieurs sens. Dans certains cas, les sens sont reliés entre eux. Ainsi le suffixe –ment a le sens d’« une action » ou d’« un processus » (ex. : changement). Il peut aussi signifier « le résultat d’une action ou d’un processus » (ex. : sentiment). Dans d’autres cas, les sens ne sont pas liés entre eux. C’est entre autres le cas du suffixe –ment qui sert à former des adverbes avec la signification «de manière» (ex.: poliment).
Forme des suffixes
Généralement, l’ajout des suffixes flexionnels ne modifie pas la forme de la racine.
Exemple: bacs, parlant, nationale
Parfois, l’ajout des suffixes dérivationnels occasionne, selon des règles de jonction, une modification de la racine et ce, phonologiquement et/ou orthographiquement.
Principales règles de jonction de préfixes fréquents en français
Préfixes
Allomorphes
Règles
Exemples
Exceptions
in-
il-
devant une racine commençant par «l»
illisible
im-
devant une racine commençant par «m»,
«b» ou «p»
immobile, imbuvable, impossible
ir-
devant une racine commençant par «r»
irréfutable
a-
a- + redoublement de la consonne initiale
Ayant le sens de «direction» ou de «rendre plus», entraîne souvent le redoublement de la consonne initiale de la racine. Certaines consonnes, telles que «c», «f», «r», «s», ou «t» se redoublent toujours.
Tous les mots dont la racine commence par b, comme abattre, et certaines autres exceptions, comme alourdir, aplatir, etc.
a-
D’origine grecque, ayant le sens privatif, n’entraîne pas le redoublement de la consonne initiale de la racine.
amoral, athée, apathie, apolitique
en-
em-
devant les consonnes «m», «b» ou «p»
emmêler, embaumer, emporter
en- + redoublement de la consonne initiale
devant les mots don la racine commence par «n»
enneiger, ennoblir
co-
col-
devant une racine commençant par «l»
collaborer
Les mots préfixés de co- récemment entrés dans le vocabulaire français ne redoublent pas la consonne initiale de la racine, comme colocataire.
com-
devant une racine commençant par «m»
commotion
con-
devant une racine commençant par «n»
connotation
cor-
devant une racine commençant par «r»
corrompre
dé-
dés-
devant une racine commençant par une voyelle ou un «h» muet
désobéir, déshabiller
re-
r-
devant une racine commençant par une voyelle pour la formation des mots plus anciens ou un «h» muet
rentrer, rachat, rouvrir, rhabiller
ré-
devant une racine commençant par une voyelle pour la formation des mots récents ou un «h» muet
réimprimer, réouverture, réhabiliter
re- + redoublement de la consonne initiale
devant une racine commençant par «s»
ressembler, ressentir
Stratégie morphologique
Je cherche le petit mot dans le grand mot racine
Je cherche les autres petites parties du mot (préfixe ou suffixe)
Je trouve le sens de chaque partie du mot
J’émets une hypothèse sur le sens du mot à partir de ses petites parties
Je vérifie mon hypothèse en remplaçant le mot dans la phrase ou le texte par le sens trouvé
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